Ecole française et formations indiennes : concurrence ou collaboration ?

L’Inde, ou la nouvelle Silicon Valley ? L’Inde délivre des diplômes chaque année à environ 400 000 nouveaux ingénieurs. La France, elle, en délivre 30 000 par an (ce chiffre étant en augmentation constante). Faudrait-il alors en déduire que le monde de l’ingénierie va être submergé par les ingénieurs indiens ? Nulle crainte à avoir sur ce point. Ingénieurs français et indiens ont tous leur place sur le marché de l’ingénierie.

On évoque parfois la pénurie d’ingénieurs en France. Cette pénurie tient, selon Benoît Mestre, le directeur adjoint d’Alten, non pas à des problèmes de la filière d’ingénieurs en France mais au papy-boom. Les 30 000 diplômés annuels ne suffisent pas à répondre aux besoins de la société des nouvelles technologies. Ces dernières représentent un marché en pleine expansion. Or, qui dit expansion d’un marché dit demande de main d’œuvre qualifiée croissante.

Des ingénieurs français généralistes à forte valeur ajoutée

Et c’est là que les ingénieurs français ont d’ailleurs une carte à jouer. Ils bénéficient en effet d’une formation de haut niveau qui leur ouvre les portes du marché du travail aussi bien en France qu’à l’étranger. Diplômés à bac+5, les ingénieurs français sortent de plus de grandes écoles à la réputation bien établie telles que Polytechnique ou encore Les Mines. On constate dès lors que si les ingénieurs français ne sont pas des plus nombreux, ils bénéficient en revanche d’un savoir-faire mathématique et généraliste qui attire fortement les entreprises tant nationales qu’internationales. Les ingénieurs français comptent d’ailleurs parmi les mieux payés d’Europe. Ainsi, un ingénieur junior français touche en moyenne 40 000 euros par an. Les ingénieurs expatriés peuvent espérer une rémunération 15 à 20% supérieure. Dernier chiffre, prouvant l’intégration des ingénieurs français à l’étranger : 15% des diplômés obtiennent leur premier emploi à l’étranger et non pas en France. Le salaire d’un ingénieur français représente certes un coût pour l’entreprise. Toutefois, les compétences que ce dernier met à son service sauront amortir ce coût supplémentaire.

La domination des ingénieurs indiens sur le secteur informatique 

Quels sont les atouts des ingénieurs indiens par rapport à leurs collègues français ? Si les ingénieurs français suivent une formation généraliste, les ingénieurs indiens sont particulièrement formés pour le secteur informatique. Les Instituts indiens de Technologie sont d’ailleurs parvenus à se faire une excellente réputation à l’étranger. Preuve de l’excellence des ingénieurs indiens : 43 000 d’entre eux travaillent pour IBM, et 10 000 pour Capgemini. Cette main d’œuvre bien formée et qualifiée constitue pour l’Inde un formidable levier économique. C’est en effet grâce à elle qu’elle assure sa maîtrise et sa place de plus en plus prépondérante sur le marché des services high-tech. L’excellence de la formation n’est pas le seul atout des ingénieurs indiens.

Ces derniers s’exportent pour plusieurs raisons. D’abord, parce qu’une grande partie du chiffre d’affaires du secteur vient de l’étranger (ex : sur les 22 milliards de dollars réalisés en 2004-2005 par le secteur, 17 milliards avaient été réalisés à l’export. En 2010, les exportations continuaient de représenter la majorité du marché, avec une augmentation de 18,7%-pour un chiffre d’affaires total de 59 milliards de dollars-). Ensuite, héritage colonial, la majorité des ingénieurs indiens sont anglophones, ce qui facilite leur exportation. Enfin, dernier atout de poids, un ingénieur indien est en moyenne trois fois moins cher qu’un ingénieur d’un pays développé comme la France.

Ingénieurs français et indiens ont tous leur place, aussi bien dans leurs pays respectifs qu’à l’export.

En effet, leurs savoir-faire et atouts sont différents. Ainsi, les ingénieurs français, de par leur formation généraliste, seront appelés à travailler dans différents secteurs de l’ingénierie. On note également une tendance parmi les ingénieurs français à se tourner vers le management. Les ingénieurs indiens, eux, restent plus spécialisés. Cette diversité de profils et de parcours leur assure ainsi des opportunités de travail aussi bien dans leurs pays respectifs qu’à l’export et permet sans difficulté une collaboration et la mise en place d’équipes franco-indiennes dans lesquelles chacun peut trouver sa place.